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Alors que le monde traverse une période de bouleversements majeurs – changement climatique, perte de biodiversité, montée des inégalités et dérives politiques – il devient urgent de repenser nos modèles de société. Selon Thierry Lison de Loma, agriculteur en Polynésie française et diplômé du programme Beahrs ELP (Environmental Leadership Program) de l'Université de Californie, Berkeley, la décentralisation constitue l’un des leviers les plus puissants pour répondre à ces défis. Loin d’être un simple principe administratif, elle peut devenir un véritable cadre conceptuel capable de transformer nos systèmes de manière profonde et durable.
Les grandes crises actuelles sont accentuées par la manière dont nos besoins fondamentaux – énergie, alimentation, argent, habitat, transport, éducation et gouvernance – sont organisés autour de structures massivement centralisées.
Ces systèmes concentrent les ressources, les pouvoirs et les décisions, créant des effets de rétroaction négatifs.
L’énergie centralisée génère pollution, pertes sur les réseaux et risques technologiques. L’agriculture industrielle provoque dégradation des sols, pollution et dépendance à des chaînes logistiques mondiales fragiles. La finance concentre la richesse entre les mains d’une infime minorité. L’habitat massif des mégapoles crée stress, congestion, déchets. L’éducation et la gouvernance se referment sur des élites, créant une illusion de démocratie où la participation réelle diminue.
Autrement dit : la centralisation appauvrit les systèmes et affaiblit la résilience des sociétés.
Face à ces dérives, la décentralisation apparaît comme une voie prometteuse pour créer des solutions efficaces et adaptées. Ce concept peut s’appliquer à l’ensemble des besoins humains et même devenir un moteur d’innovation.
Les micro-réseaux d’énergie renouvelable – notamment solaires – permettent de réduire jusqu’à 10 % des pertes électriques. Ils diminuent la pollution, renforcent l’autonomie locale et diversifient les sources énergétiques.
Les systèmes alimentaires décentralisés, comme les fermes urbaines ou l’agriculture soutenue par la communauté, rapprochent producteurs et consommateurs. Ils réduisent les transports, soutiennent les agricultures locales et garantissent une meilleure sécurité alimentaire.
Les technologies décentralisées – blockchain, cryptomonnaies – offrent des alternatives aux banques traditionnelles. Elles permettent des transactions moins coûteuses, plus transparentes, et ouvrent l’accès à des services financiers pour les populations marginalisées.
Des communautés locales qui gèrent elles-mêmes leur environnement construisent des solutions adaptées : recyclage local, compostage, biogaz, architectures résilientes. Loin des mégapoles impersonnelles, la ville devient un espace à échelle humaine.
L’essor d’Internet a déjà décentralisé les échanges d’informations et une partie du travail. La mobilité peut être allégée grâce au télétravail, à la dématérialisation et aux innovations numériques.
Une éducation moins centralisée permet :
Une gouvernance plus locale et participative favorise la transparence, réduit la corruption et répond mieux aux besoins des populations. Elle constitue un contre-pouvoir efficace face aux tendances autocratiques.
Thierry LISON invite toutefois à la prudence : décentraliser ne signifie pas “tout disperser”. Certains secteurs nécessitent un degré de coordination centralisée. Le véritable enjeu consiste à trouver l’équilibre optimal, en identifiant :
Il reste également à déterminer comment opérer cette transition :
par le haut, via les gouvernements, ou par le bas, via les communautés et initiatives citoyennes ?
Dans certains domaines, comme l’énergie ou l’alimentation, la dynamique vient clairement des mouvements populaires.
La décentralisation apparaît comme une piste essentielle pour réinventer nos modèles de société. Elle offre des solutions concrètes, adaptables, et surtout ancrées dans les besoins réels des communautés. En repensant la manière dont nous produisons, consommons, décidons et vivons ensemble, elle pourrait bien devenir l’un des concepts centraux pour améliorer la vie des populations et répondre aux défis du XXIᵉ siècle.

Promotion programme BEAHRS 2024 , Université de Californie, Berkeley